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CATHERINE DE MÉDICIS

quoi elle avait grand sujet d’étonnement, et voulait en aviser le Roi Catholique.

Le petit Charles IX reprit :

— Et jusqu’à dire que je suis hérétique, et la reine ma mère également !

Catherine conclut :

— Les officiers du Roi Catholique ont parlé et agi contre l’amitié qui existe entre Sa Majesté et la couronne !

Don Francès fit bonne contenance :

— Je connais les deux officiers que vous avez nommés, et c’est pourquoi je m’étonne d’autant plus qu’ils aient pu dire des choses pareilles. Sa Majesté sera peinée de l’apprendre ; car elle ne veut que le bien du roi son frère.

Mais Catherine répliqua :

— Il pourrait aussi exister certaine jalousie quant à la grandeur de ce royaume de France…

Le noble Espagnol le prit mal, dans l’orgueil de sa race :

— Le roi mon maître a une telle puissance qu’il peut l’admettre très bien chez ses voisins. Je ne puis croire que tout cela soit vrai. Vous avez dû être mal informée. Don Sancho et le comte sont de vrais chevaliers, incapables de dire des paroles désobligeantes pour le roi de France.

Charles IX écoutait attentivement. Catherine reprit :

— Nous tenons notre puissance tout entière !

— Elle n’est pas aussi grande que Sa Majesté Catholique souhaiterait, répliqua don Francès.

La conclusion fut que l’ambassadeur d’Espagne était prié d’en écrire à son maître.

La reine-mère fit éloigner les gentilshommes présents :

— Pourquoi croyez-vous que la grandeur de mon fils ne soit pas entière ?

Elle pressa le bras de Charles IX qui ajouta :

— Don Francès, répondez clairement à ma mère, je vous prie.

— La première raison, c’est l’état de la religion si divisée qui se trouve en grand péril, la justice qui est si faible. La France a toujours été obéissante à ses rois. Or à présent, et malgré tout le bien que l’on voit dans la personne du roi, il y a des gens qui lui veulent du mal, et autre chose que Dieu veuille lui épargner !

La reine reprit :