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CATHERINE DE MÉDICIS

marchands de la ville défiler, habillés de velours et de satin, et d’autres aux couleurs du roi : incarnat, blanc et bleu. Les plus importants demeuraient groupés près de lui. Le cortège se forma. Il comprenait les Universités de médecine et de droit, les présidiaux, le gouverneur, les gens de la Chambre des Comptes, de la Cour des Aides, ces derniers vêtus d’écarlate violette, avec leurs huissiers, en belle ordonnance. Après marchait la maison du roi, avec ses archers, les Suisses de la garde, tambour battant ; et Sa Majesté s’avança sous un ciel de velours cramoisi, couvert de broderie d’argent, que portaient les six consuls de la ville. Le grand écuyer tenait en écharpe l’épée royale. Les trompettes du roi ouvrirent la marche.

À l’entrée de la ville, entre les deux portes du pilier de Saint-Gilles, quatre colonnes soutenaient la couronne impériale ; deux jeunes filles représentaient l’une la Piété, l’autre la Justice. Devant le Consulat, et le logis du roi, on avait dressé les arcs de triomphes accoutumés, à l’antique, enrichis de peintures, de tableaux, d’épigrammes en vers latins et français.


Comment la reine-mère pouvait-elle, sinon par le plus robuste des optimismes, attaché sans doute à sa santé, réaliser cet équilibre de justesse, songer au prestige du pays, à la mission de M. de Lansac qui se poursuit à Prague, où il visite l’Empereur Ferdinand, a fin de réserver pour Charles IX la main d’Elisabeth d’Autriche ? On se le demande. Car il faut tout cacher, et rien n’échappe à l’information de don Francès qui écrit à son maître : « On croit qu’il s’agit du mariage du roi de France avec la fille de l’Empereur. »

Dans Montpellier divisée, l’ambassadeur d’Espagne, toujours préoccupé des forces protestantes qui s’organisent en Picardie, là où le prince de Condé et l’amiral viennent de changer les garnisons, en sorte que s’ils le voulaient ils pourraient soulever trois ou quatre places, avait reçu une proposition bien curieuse. Un chanoine de Saint-Quentin, où les réformés étaient si forts, lui avait écrit le meilleur moyen de conserver la ville au roi de France serait que Sa Majesté Catholique s’en emparât ; car autrement l’amiral la retournera contre son autorité.

Don Francès en demeura interloqué ; il communiqua le projet, mais répondit assez froidement, de son chef, au chanoine.

Quand les Français en arrivaient là, comment en vouloir à ceux