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XXXII

LA NOËL DE MONTPELLIER



Le 14 décembre, on coucha à Vauvert, petite place et château que nos Parisiens, par analogie, et peut-être à cause du mauvais temps, nommèrent le diable de Vauvert ! On pataugeait maintenant parmi les échalas des vignes. Le lendemain on arrivait à Aigues-Mortes, qui donna une entrée, et l’on aperçut les grandes salines de Peccais. Le 16, on couche à Marsillargues, belle petite ville qui offre une entrée. On traverse, le dimanche 17, le pauvre village de Saint-Brès pour arriver dans la soirée à Montpellier.

C’était une grande ville, aux rues étroites, où se trouvaient tant de boutiques de pharmaciens, de fabricants d’eau de senteur, avec un évêché, et surtout une Faculté de médecine célèbre dans le monde entier.

Hélas, la joyeuse Montpellier, dont on donnait jadis la plaisante étymologie Mons puellarum, à cause de tant de jolies filles brunes, les amies des écoliers, n’était plus une ville joyeuse ! Les réformés y avaient eu une Église depuis 1560 qui s’était développée rapidement et pouvait comprendre douze cents « nouveaux chrétiens », tentés de s’abriter dans les moutiers qui allaient souvent à l’abandon. Ce partage des églises, le revirement de son évêque lettré Pellicier, avaient amené de sévères répressions, d’abord de la part du comte de Villars, puis des chefs catholiques, M. de Terrides et M. de Joyeuse.

Le comte de Crussol avait bien essayé de limiter ce partage, laissant aux huguenots Notre-Dame près de l’Hôtel de Ville, et la tour des Carmes. Le pasteur Viret lui-même, qui prêchait dans la ville, avait recommandé de rendre les temples et d’obéir aux