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CATHERINE DE MÉDICIS

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sant vers le haut en gradins, où tout un peuple pouvait s’asseoir. Nîmes était en proie aux luttes ardentes, prenant alors un caractère religieux, qui caractérisent cette cité. « C’est un lieu tout ce qu’il y a de plus hérétique », observe don Francès de Alava.

Quelques gens des Cévennes, marchands ou autres, y avaient confirmé la foi de leur martyre. Une église y avait été fondée par le pasteur Mauget. Les réformés s’y étaient rendus maîtres des édifices. M. de Crussol, lors de l’édit de janvier, les leur avait fait

rendre et ils ne célébraient plus leur service qu’à l’Hôtel— Dieu. M. de Montmorency, responsable de l’ordre et des cortèges,

donnait à Nîmes un regard attentif. Ayant appris que les consuls se proposaient de faire poser à la porte du logis du roi, et sur les arcs de triomphe, des bandelettes jaunes et blanches, la chose lui parut suspecte. Il fit savoir que le roi en serait offensé : « car ses couleurs sont blanc, bleu et incarnat ». C’est ainsi que le con nétable fit flotter à Nîmes les trois couleurs royales.

Mais, en dépit de ce que l’on aurait pu croire, l’accueil fut em

pressé et théâtral. C’est ainsi qu’à la porte deNîmes on avait édifié une sorte de montagne, percée d’un tunnel. Charles IX s’étant

présenté pour la traverser, l’ouverture se referma. Puis deux jeunes filles, d’une grande beauté, s’avancèrent, l’une fille de M. de Saint— Véran, l’autre de l’avocat Chabot. Elles lui présen

tèrent les clefs de la ville et firent le compliment d’usage. Alors la montagne se rouvrit, et le roi la traversa avec toute la cour.

La première chose que Charles IX vit dans Nîmes fut le croco dile figurant sur les armes de la ville. Six hommes étaient placés dans le ventre du monstre ; ils ouvraient les mâchoires de la bête aux dents pointues qui lançait des flammes. Un feu d’artifice

était préparé sur la colonne de la salamandre, l’emblème de Fran çois Ier et le symbole de la justice, invention plaisant aux avo cats de la cité. Nîmes était en fin la ville des fontaines ; elle était

elle-même la fontaine ; mais sur la place du Collège, les fontaines ce jour —là répandaient et l’eau et le vin.Après quoi on gagna, au cœur de la ville, l’Evêché où était préparé le logis du roi. Ce fut là, le lendemain matin, que les gens de Nîmes apporte

rent leurs doléances. Ils n’étaient pas d’accord au sujet de la composition du Consulat.Et voici venir les religionnaires du Lan guedoc, qui formulaient leurs plaintes contre M. de Damville, gou

verneur de la province. Deux députés du Synode provincial, qui