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XXXI

TARASCON LA CATHOLIQUE ; BEAUCAIRE L’HÉRÉTIQUE ; NÎMES LA RÉFORMÉE



Le 7 décembre seulement, Charles IX se décida à quitter Arles pour remonter vers Tarascon, le long du Rhône impétueux, toujours qualifié par Jouan de « gros fleuve, fort fâcheux ».

Tarascon, que dominait le grand château du roi René, était une fort belle petite ville, le sanctuaire de sainte Marthe qui tua ce fabuleux dragon, la tarasque. Charles IX visita l’église et le tombeau de la sainte, si populaire en Provence.

À Tarascon étaient réunis les gens des deux partis. Ici l’accord semblait trouvé. Les huguenots avaient obtenu de choisir pour leurs prêches un lieu retiré dans la montagne des Cévennes, de pouvoir baptiser et enterrer les leurs, la nuit seulement, dans la Provence. La nouvelle religion ne sera pas exercée autrement. Dans aucune maison de gentilhomme on ne tolérera de prêches, sous la menace d’amende de 1 000 écus, et pour la seconde fois sous la peine de la confiscation des biens. Des douze conseillers amenés de Paris pour tenir le Parlement à Aix, quatre seulement devaient être maintenus ; les autres seront du pays. Le comte de Tende restera comme gouverneur, et M. de Sommerive comme lieutenant[1]. Le roi a adressé d’émouvantes admonestations à Sommerive, et à Dorès, le grand chef de la Provence. Il veut qu’ils vivent en bons catholiques. Cela il leur a déclaré, non pas comme un enfant, mais avec la gravité d’un homme, leur certifiant que, s’ils allaient à l’encontre de sa volonté, il agirait sans

  1. C’était le fils atné du comte de Tende, Claude de Savoie.