Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XXX

ARLES ASSIÉGÉE PAR LES EAUX



Il fallait cependant montrer à la Provence fidèle que le roi et la reine étaient de bons catholiques. Car les villes semblaient heureuses de l’assurance qu’elles avaient d’être maintenues dans leur religion. On fit donc le projet d’aller passer une dizaine de jours en Arles. Après, on verrait où l’on célébrerait la fête de Pâques, à Toulouse ou à Montpellier.

À dire le vrai, chacun commençait à être las de la tournée qui offrait tant de difficultés pour envoyer ou recevoir des lettres. Et certains pensaient qu’il serait plus expédient de rentrer à Paris, de poursuivre le voyage en traversant la Picardie, la Normandie ou la Bretagne.

Le lundi 13 novembre, on se mit en route pour les Martigues, en passant par la bastide de la Bédoule, où il n’y avait qu’une seule maison. On coucha à Marignane, riante petite ville avec un château, sur l’étang de Berre[1]. Là le roi s’embarqua sur le grand étang pour aborder aux trois petites villes, reliées entre elles par des ponts, qui formaient les Martigues. La première s’appelait : Jonquères ; celle du milieu, l’Île ; et la troisième, Martigues, cette dernière dans le marais.

Le roi y fit son entrée ; et, après le déjeuner, s’embarquant sur l’étang, il coucha à Saint-Chamas, après être passé sous le tunnel percé dans le roc qui mesurait bien trente toises. Saint-Chamas est une bonne petite ville avec un château qui offre une entrée. Le lendemain on gagne Saint-Martin de Crau, où il n’y a que deux ou trois maisons, en traversant la Camargue, cette grande plaine

  1. Le compte du ms. fr. 25755 présente une légère variante pour le 14 novembre : « Disner à Marignan, giste à Ferrières, les isles de Martigue ». La lettre de Catherine ne porte pas de date : « Nous sommes partis anuit et veneu coucher à Marignane pour après demain aystre eun Arle ou acheveron de donner ourdre à tutte la Provense afin que la lesion en pays. »