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UN SÉJOUR À MARSEILLE

le roi son fils n’hésiterait pas à mettre sa personne et ses biens pour défendre cette cause. Elle écrivit à don Francès une lettre indignée, qu’il montra au consul, lui reprochant de l’avoir si mal informée.

Bien plus, pendant la manceuvre des galères, la reine avait envoyé chercher don Francès pour négocier. Sur quoi entra Du Fresne, « grand hérétique, qui est l’âme du prince de Condé et de l’amiral » ¹

Or Du Fresne dit à la reine qu’il convenait qu’elle écrivît au Roi Catholique pour réclamer la libération de quatre cents Français détenus sur ses galères, conformément d’ailleurs aux stipulations de la paix. Don Francès observa que M. de La Mothe lui donna un coup de coude, qu’un autre lui fit un signe pour qu’il n’oubliât pas une autre chose. Du Fresne continua : — Madame, tous les Normands et tous les Bretons vous prient et supplient d’y porter remède et de prendre les sures nécessaires pour que les sujets de votre fils ne puissent être châtiés par l’Inquisition d’Espagne, car c’est une chose qui peut très bien arriver.

La Mothe-Fénelon ajouta : — L’Inquisition est bien rigoureuse, et je sais d’une façon certaine que quelques Espagnols résidant par ici envoyent en Espagne de pauvres gens qui y vendent des toiles et d’autres choses, et que l’Inquisition les fait arrêter, ce dui est chose pénible et à bien considérer… 2. On vit le cardinal de Bourbon soutenir Du Fresne et La Mothe. La reine se contint devant don Francès et ne dit mot. L’ambassadeur d’Espagne répondit :

— Votre Majesté doit certainement connaître la bonne procédure et la prudence de ce tribunal. Je pensais qu’on m’aurait épargné de m’en parler à l’avenir. Mais La Mothe répliqua : — Le roi de France peut châtier lui-même ses sujets criminels. Plaise à Dieu qu’il le puisse faire, comme sa mère le désire ! Je crois savoir que la reine doit entendre parler de cette matière 144

I. Il était le conseiller et le secrétaire du prince de Condé, 2. Ce fait pourrait se justifier par bien des exemples pris dans les ar chives de Simancas. Il est exact, et les ambassadeurs de l’Espagne n’hési taient pas à faire ce triste métier. D gitized by