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UN SÉJOUR À MARSEILLE

amené à discuter s’il convenait d’avoir plus de galères pour aborder la flotte du Roi Catholique. On admira la danse des chevaliers espagnols dans un ballet à la mauresque¹ ; et ceux-ci présentèrent au roi des pots de senteur. Charles IX, très satisfait, donna des chaînes d’or au général, aux capitaines et à tous les danseurs. Le roi, déjà grand amateur d’oiseaux de chasse, remarqua que le Grand Maître de Malte portait dans ses armes un gerfaut : c’est pourquoi il lui fit envoyer courtoisement le plus beau de sa volerie. Tout de même, quand y réfléchissait, habiller à la « turquesque » une petite fille comme Mme Marguerite, la jeune Margot, paraissait peu convenable à don Francès. Il se renseigna auprès d’une personne de confiance, l’espion de cour qui lui « vendait toujours des choses vraies ». Or c’était la reine-mère qui lui avait dit de prendre cet habit ! La petite Margot s’en était excusée ; déjà elle ait porté plainte contre le duc d’Orléans, son frère, qui lui aurait fait des prêches, l’exhortant à devenir huguenote. Quelqu’un lui avait dit de faire cela ; de telles paroles ne venaient pas spontanément du jeune duc. Catherine, qui avait commencé par en rire, recommanda le silence à sa fille. Elle interrogea Henri. A la fin, pressé de questions, il avouait que ceux qui l’avaient exhorté à le faire étaient Mme de Vendôme, la duchesse de Ferrare, et quelques-uns de leurs serviteurs. Ainsi avaient passé les huit jours de Marseille. Charles IX, qui avait eu le cœur solide en mer, et paraissait bien reposé, plut beaucoup à la ville catholique pour la dévotion qu’il prit à entendre les messes. Enfin il donna au peuple des consuls qui lui agréaient.

Mais la raison du voyage à Marseille, suivant Simon Renard, était bien l’ordre, si nécessaire, à mettre dans la navigation et l’entretien des galères. Et ce qui préoccupa surtout les Espagnols, ce furent les informations qu’ils recevaient de Gênes, relativement à la Corse.

1. Dans la lettre du 14 novembre à la duchesse de Savoie, Catherine indique que le but du séjour à Marseille est le repos du pays : « Et y avons vou tent d’aunestes chevaliers ayspagnols, ytalians, et fransoys et de toutte nation, car son ceulx qui ont aystés au Pignon de Vele [au Maroc)… Yl ont densé et fayt de masque ».

2. On reconnaîtra que les Mémoires de Marguerite de Valois corroborent, à peu de chose près, ce que rapporte ici Francès de Alava.