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XXIX

UN SÉJOUR À MARSEILLE



Le marquis d’Elbeuf avait appareillé pour Marseille, non afin de mettre point des entreprises contre les Génois, mais bien de préparer la revue des galères qui devait être passée par le roi.

La chose rassurait, et inquiétait tout à la fois, don Francès de Alava, et surtout don Garcia de Toledo, qui voyaient dans Marseille une base d’opérations pour secourir la Corse ; les Espagnols eussent voulu ou bien la neutraliser, ou même s’en servir.

Cette inquiétude nous semble exagérée, car on peut dire que notre armée de mer était alors inexistante en Méditerranée. Peu de navires, déclarera Michele Soriano dans son rapport de 1562, un très petit nombre d’hommes pour ramer, pas de chef expérimenté, sauf le baron de Lagarde et le marquis d’Elbeuf. Sur la mer de Provence, nos quarante galères étaient réduites à huit capables de prendre la mer. On ne pouvait les opposer aux vingt galères de Naples, aux dix de la Sicile, aux vingt-six de l’Espagne, aux dix d’André Doria, aux deux des Grimaldi.

Il faut dire que, depuis le roi François Ier, la France avait toujours eu recours à la flotte des Turcs. Et ce n’est qu’après la destruction de la flotte ottomane, que notre pays esquissera un programme naval en Méditerranée, ce qui resta d’ailleurs un simple projet.

Marseille est déjà par contre la ville au grand peuple catholique et turbulent, dont Francès de Alava, écrivant à Philippe II, dira : « Il faut que Votre Majesté sache qu’en cette ville ils montrent à l’église une telle dévotion qu’aucun peuple ne peut lui