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CATHERINE DE MÉDICIS

Il faut savoir que depuis 1559, la haute Provence avait été agitée par les seigneurs de Mouvans, Antoine et Paul de Richieu, qui s’étaient retirés, après avoir longuement servi à la guerre, dans la ville de Castellane, car ils désiraient vivre selon Dieu. Et jusqu’au cœur de l’hiver, ils tenaient là les assemblées, le soir, dans leur maison. Un Cordelier les avait dénoncés et le Parlement d’Aix avait conduit une information. Les Mouvans en avaient appelé au Parlement de Grenoble. Antoine, le vieux Mouvans, fut tué férocement par la populace de Draguignan, et son foie donné comme nourriture à un chien. Paul en avait appelé de ce crime au Parlement d’Aix ; mais désespérant d’obtenir justice, il avait organisé la résistance des réformés, gentilhommes et soldats volontaires, dont le réduit fortifié fut Mérindol. Il fit en revanche le projet de s’emparer d’Aix. Mais Mouvans s’était retiré à Genève. A Aix, en 1561, le sieur de Flassans, consul, avait convoqué, lui, les gens des villes de Provence pour la défense de la religion catholique. On mura les portes de la ville, on plaça l’artillerie sur les tours et les clochers, malgré les efforts de conciliation du comte de Tende, gouverneur de Provence, et du comte de Crussol, commissaire du roi. Crussol y fit cependant publier l’édit de janvier. Mais les divisions et les haines furent loin de s’apaiser, surtout après le massacre de Vassy. La division était jusque dans les familles, puisque le comte de Tende était considéré comme le chef des religionnaires, et son fils Sommerive comme celui des catholiques. Tende fortifiait Sisteron ; Sommerive, Cavaillon. Sommerive enlevait Sisteron, livrant la Provence aux massacres. Au mois de juillet 1562, le président Jean Salomon, tiré des prisons, tombait abattu dans la ville ; Jean Raisson, le procureur, fut saigné à la boucherie ; et d’autres, parmi lesquels un gentilhomme, un clerc des finances, des marchands, le concierge des prisons, furent pendus au Pin. C’était un grand arbre, hors de la porte Saint-Jean, dans le jardin du sieur d’Aiguilles, conseiller au Parlement ; haut et droit, il semblait l’un des plus beaux de son espèce, gros et massif, à ce point que trois hommes n’auraient pu le tenir dans leurs bras. Là, ceux de la religion, le dimanche, venaient chanter les Psaumes. Au pin, l’on pendait ; mais on arquebusait aussi, Pierre Manoc avocat, ses frères, Pierre Raynaud, avocat, et d’autres, menuisiers, cordonniers, libraires. La Provence avait vu les D gitized by