XXVIII
À TRAVERS LA PROVENCE
n Provence, et dans toutes les villes aimables où le roi
faisait une entrée, il allait fêté par les enfants, tout de
blanc vêtus, qui s’avançaient vers lui, jetant des fleurs
sur la route et criant : « Vive le Roi et la sainte messe ! » Bien
plus, chaque village donnait les mêmes plaisirs à la famille royale,
heureux de saluer le jeune Charles IX. Partout beaucoup de
bruit, de décharges d’escopettes et de canons, comme il convient
sur la terre sonore[1].
Le mercredi 19 octobre, le roi est à Lambesc, jolie petite ville où il fait une entrée. Il s’arrête pour déjeuner à Saint-Jean-de-la-Sale, où il n’y a qu’une maison, et part aussitôt pour Aix-en-Provence où il restera quatre jours.
Aix, c’est la grande ville avec son Parlement et son archevêché ! Les rues sont larges, les maisons magnifiques, remplies de curiosités et d’antiquités. Mais ce n’est pas pour les admirer que Charles IX y est venu : après la belle entrée, il va tenir son siège au Parlement le 23.
Dans la très croyante ville d’Aix, le roi doit choisir les nouveaux consuls catholiques, leur donnant l’assurance de garder leur Parlement. Cependant près de trois mille hérétiques avaient demandé la permission de faire leurs prêches, et de vivre suivant l’édit d’Orléans. Parmi eux était le comte de Tende, leur chef. Et dans les rues les gentilshommes disaient par manière de bravade : « Si la reine et le roi ne font pas garder l’édit d’Orléans, ils verront la vengeance des huguenots ! »
- ↑ Suivant le ms. fr. 25755, le 18 octobre à Lambesc ; le 19, déjeuner à Saint-Jean et gîte à Aix.