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CATHERINE DE MÉDICIS

lianisés, à Jacopo de Trezzo, le lapidaire, qui va sertir les pierres dures, les marbres, les granits de l’immense et sévère bijou. Assis parfois sur un trône de rochers, le roi en surveille les progrès, les machines, le grand plan symétrique qu’on lui montre dans ce qui n’est encore qu’un domaine. Une sainte recherche préoccupe, on peut le dire, Philippe II en ces jours, à l’égal d’une importante affaire diplomatique. Récupérer pour l’Espagne la relique de saint Eugène, dont un fragment demeurait conservé au trésor de l’abbaye de Saint-Denis. C’est qu’on venait de retrouver à Tolède le chef de saint Eugène, premier archevêque de la cité et disciple de saint Denis. Or le chapitre de la cathédrale avait signalé l’existence d’un fragment du saint à l’abbaye de Saint-Denis en France. Pourquoi Philippe II s’est-il tant intéressé à cette information, et au désir des gens de Tolède de compléter le chef nouvellement découvert en Espagne par le morceau du corps saint anciennement en France ? Quel est le sens mystique de la réunion du corps ? L’union de deux pays sous un même chef, ou bien une excellente pierre de touche pour savoir ce que valent les sentiments réels de ceux qui s’efforcent de rapprocher l’Espagne et la France ? On ne sait.

Mais don Francès a été chargé en France de négocier le retour de la relique, et le chanoine don Manrique va passer pour cela dans notre pays. Quant à Philippe II, il écrira à Catherine de Médicis pour la remercier du zèle qu’elle portait à cette affaire. Elisabeth, sa femme, dans sa convalescence, se retournera également vers sa mère, lui recommandant don Pedro Manrique, chapelain du roi, et le sien. Le Roi Catholique donne, de son côté, ses instructions à don Francès : « Je vous supplie affectueusement de faire tout pour que cette affaire se conduise discrètement et prudemment. Vous ferez attention aussi à tous les détails de son retour (de don Pedro) avec la relique. Vous trouverez l’itinéraire ; vous le transcrirez et le donnerez à don Pedro. N’écrire qu’en chiffres au sujet de cette affaire, recommande encore Philippe II.

On le verra par la suite, la négociation fut laborieuse. Pedro Manrique écrira de Toulouse, le 27 décembre au roi d’Espagne, notifiant l’opposition du cardinal de Lorraine, abbé de SaintDenis, au transfert. Il faudra rafraîchir la mémoire de la reine. D gitized by