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CATHERINE DE MÉDICIS

geance d’un meurtre, ils veulent retrouver leur pouvoir abattu par les Châtillons, dont les alliés sont les Bourbons et les Montmorency. Les visages deviennent tristes en France. On attend une « estrange tragédie », et tout le royaume se découvre agité par cette querelle.

Au regard des choses de la religion, le trouble semble aussi grand, plus dangereux même, car on ne peut maintenir les deux religions. Or l’hérésie progresse, grâce à l’activité des ministres, grâce à l’absence de répression par l’Inquisition. Simon Renard le déclare nettement : ici les ecclésiastiques ne font rien pour réformer leurs mœurs, et les nobles entendent toujours disposer des abbayes, des bénéfices. Les huguenots, eux, veulent pouvoir se rendre aux prêches, non seulement au bailliage, mais chez tous les seigneurs hauts justiciers. La reine Catherine de Médicis ne prend aucun parti. Damville essaye bien de l’intimider, comme fait le roi d’Espagne lui-même, mais jusqu’à quel point y parvient-il ? Voici

la chose la plus terrible : la France perd la foi. On n’y montre plus aucun respect envers les ecclésiastiques. La noblesse incline à la Réforme, avec les gens du Parlement, des collèges, les écoliers. Le roi Charles IX tente certes de rassurer tout le monde par son grand voyage. On voudrait y restaurer d’abord la justice, qui en a bien besoin. Tel est le malheur quand dans un Etat (Simon Renard dit une << République » >, au sens antique) il y a une dame « gouvernante et mal expérimentée », mal entourée, sinon par le connétable qu’elle « dégoûte ». L’information était flatteuse pour la duchesse de Parme, qui savait, bien que dame, prendre un parti, et que le cardinal de Granvelle dirigeait bien. Puis Simon Renard dénonçait l’autre mal : le manque d’argent, la misère d’un gouvernement qui arrivait avec tant de peine, et de si grands retards, à payer ses alliés les Suisses. Plus de crédit en France, même chez les marchands. Et par surcroît, la peste ravageait le pays ¹.

Simon Renard l’écrira quelques jours plus tard 2 : une révolte (la guerre civile) est prochaine ; elle sera pire que la première. Car on ne peut plus contenir les catholiques à Tours, comme à Paris. 1. Lettre du 6 octobre. 2. 10 octobre.


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