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XXVI

TIRER LA RELIQUE DE SAINT EUGÈNE D’UN PAYS SANS FOI



Ce qui peut troubler seulement la paix qui descend avec l’automne dans les jardins d’Aranjuez, ce sont les nouvelles de France et de Paris.

Elles arrivent, toujours irritantes, quand don Francès les a dirigées vers le roi d’Espagne, et suivant sa volonté. Mais elles ne sont guère plus rassurantes quand elles passent par les Flandres et arrivent de chez la duchesse de Parme, régente des Pays-Bas, la sœur de Philippe II.

Simon Renard, originaire de Vesoul, avait grandi dans le service des ambassades. Dur service, qui comporte certains risques avec les relations d’espions, des succès et des revers, et surtout de grandes fatigues. Car il faut se loger souvent fort mal, se tenir debout pendant des heures dans les antichambres. Un métier terrible où l’on vieillit vite. Simon Renard l’avait rempli avec empressement, avec esprit même, depuis bien des années, depuis les jours où il cherchait à faire rire Charles-Quint aux dépens de Henri II.

Simon Renard écrit maintenant pour la duchesse de Parme. Il le fait en dehors de la voie diplomatique, pour servir seulement le roi Philippe II son maître, la duchesse et le bien public. C’est là ce qui peut d’ailleurs surprendre et intéresser le roi d’Espagne, cette spontanéité, alors que ses agents diplomatiques officiels demeureront des soldats et des automates.

Or Simon Renard vient de le dire sans ambiguïté. Au point de vue politique d’abord, la France est un royaume divisé entre plusieurs partis de la noblesse. Les Guises poursuivent la ven-