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CATHERINE DE MÉDICIS

que de Cuença, son confesseur, et celui de ses pensées, assistait à toutes les délibérations pour la décharge de sa conscience, lui faisant connaître son opinion sur chaque affaire, afin qu’elle ne restât chargée en rien. C’est pourquoi toute la cour, en apparence, se montrait religieuse à ce point, que la plupart du temps les églises étaient remplies de gens ; ils étaient peu nombreux ceux qui n’entendaient pas la messe du matin, et ne se montraient pas au palais ou dans les rues sans porter dans leurs mains le chapelet. On admirait à quel point Sa Majesté était humaine et bienveillante ; sur le chemin que le Roi Catholique faisait de sa chambre à l’église, où il entendait la messe, il prenait toutes les suppliques qui lui étaient données, et si quelqu’un voulait lui parler, il s’arrêtait courtoisement pour l’entendre. Il en usait de même au sortir de l’église jusqu’à la table du déjeuner, ou lorsqu’il rentrait dans sa chambre manger seul ; et lorsqu’il avait pris son repas, sur le chemin de la chambre où il entrait. Alors il s’avançait à tout petits pas, afin qu’envers chacun il eût commodité de remplir cet office. Et lorsqu’il ramassait ces suppliques, il le faisait toujours d’un visage souriant ; et quand il répondait à quelqu’un, c’était par des paroles générales et aimables. Ce qui cependant se produisait rarement, car il traînait longtemps les choses sans répondre quoi que ce fût. Mais de la même manière qu’il acceptait facilement toutes les suppliques, entendait ceux qui voulaient lui parler, le Roi Catholique n’en faisait expédier que très peu, et on peut le dire presque aucune. Car il les remettait à l’un de ses camériers, qui les distribuait aux divers ministres suivant leur contenu. Alors il était nécessaire d’aller à celui qui avait reçu la supplique pour en obtenir l’expédition. Cela durait très longtemps, car le ministre la portait à l’un des conseillers qui donnait la réponse ; et si elle était favorable, on la présentait seulement au roi. S’il la confirmait, il la signait de sa propre main ; si le conseil ne l’admettait pas, on écrivait : no hay lugar. Alors on ne fait rien, et il n’y a aucun espoir.

Pour obtenir une de ces expéditions, que de temps et d’argent dépensés ! On peut dire que la plupart, abandonnant leurs affaires, s’éloignaient avec des plaintes in finies. Giovanni Soranzo en vit beaucoup dans ce cas. Quand les ambassadeurs voulaient une audience, nous dit-il D gitized by