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CATHERINE DE MÉDICIS

vait au roi d’Espagne pour le féliciter de la prise du Peñon de Velez, sur la côte marocaine, lui adressait tous ses vœux de prospérité, de santé, de longue vie. La reine-mère se faisait câline. Elle disait, elle aussi, au roi d’Espagne, la reconnaissance qu’elle lui portait pour les sentiments qu’il avait montrés durant la maladie de sa fille Elisabeth. Catherine de Médicis qui avait perdu des enfants, en retrouvait un autre dans son gendre ! Le petit Charles IX déclarait qu’il saurait un jour donner la preuve de cette affection. Et la duchesse de Savoie elle-même lui faisait connaître la joie qu’elle éprouvait de la convalescence de la reine d’Espagne. Ainsi les choses s’apaisaient. Et Philippe II, lui aussi, reconnaissait qu’un accord admissible par les Génois au sujet de la Corse lui semblait souhaitable, sans rallumer autrement cebrandon ! Etait-ce le résultat du grand apaisement des jours d’octobre en Avignon ?

Le départ pour Marseille fut différé. On fit rentrer les fourriers. Le président de Birague, l’homme de Turin, avait arrangé toutes les affaires avec le très difficile duc de Savoie. Philibert renonçait à réclamer Pignerol, la place de Savigliano, contre une pension annuelle de cinquante mille francs. Et bien que Catherine fût alors enrhumée, et souffrît de maux de tête, elle accordait de longues audiences au nonce, toujours pour ramener Condé et les Châtillons à la foi romaine. Fabrice Servillon, le gouvemeur d’Avignon et le dévastateur d’Orange, dans une lettre au nonce Crivelli, résumait ce travail de concorde : « Grâce à Dieu, les choses se sont passées très bien ici, car on a décidé que dans l’Etat de Sa Sainteté, personne ne pourra vivre en liberté de conscience. Il faudra vivre catholiquement… » Les huguenots jouiront de leurs biens par procureurs. Une amnistie serait accordée à tous, sauf à quelques violents. Par respect pour Sa Majesté, on avait permis le commerce avec ceux d’Orange, qui eux avaient promis de ne rien entreprendre contre les Etats de Sa Sainteté, de désarmer, de ne pas accueillir de rebelles, de ne pas répondre aux appels du prince de Tous les honneurs possibles, dira-t-il, ont été rendus ici au roi de France. Les résultats obtenus étaient vraiment satisfaisants. 1. Ecrite le 24 octobre.