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LE MÉNAGE DE SAVOIE

la justification que m’a envoyée la République de Gênes. Elle a armé des galères pour aller le châtier. Le baron de Lagarde, à Valence, m’a assuré du désir de la reine de voir ce corsaire cesser de causer du tort à la République de Gênes ; elle souhaitait un arrangement entre les deux parties. Ainsi l’on discuta passionnément. Le président de Birague res. tait silencieux.

Ils se levèrent enfin pour sortir. L’ambassadeur d’Espagne avait ajouté :

Je suis tout à fait étonné qu’on ne réponde pas à ma question d’hier, au sujet d’une barque arrivée à Marseille, qui avait amené un capitaine envoyé par Sampierro au roil L’évêque d’Orléans répondit : C’est contre la volonté du roi et de la reine. — Je le crois aussi. Mais je ne comprends toujours pas comment l’envoyé d’un séditieux puisse venir à la cour, comme il a fait. La reine ne devrait pas dissimuler de la sorte et dire que c’est contre sa volonté. Elle devrait au contraire le châtier ! — On ne peut abandonner un tel homme, et d’une telle valeur ! C’est pour éviter des inconvénients plus graves. — Alors il ne me reste plus qu’à écrire aux Génois, bien que je ne sache si vraiment on veut qu’ils soient informés ! L’évêque parut gêné et montra quelque désir de négocier. L’ambassadeur ajouta que la reine-mère devait bien considérer les choses. Puisque l’armée de Philippe II se dirigeait vers l’île, il était évident que la reine voulait sauver Sampierro et le réserver pour d’autres occurrences. L’ambassadeur informera donc les Génois, et la duchesse de Parme. On s’entretenait à la cour des récents succès de Sampierro, de la cruauté montrée par ses gens vainqueurs. Les Génois lui répondaient d’ailleurs en se montrant tout aussi cruels. Et Sampierro ayant fait ramasser toutes les victuailles, les transportait dans son camp. Ainsi les soldats des galères espagnoles devaient souffrir du manque de vivres.

Or la reine-mère recevait de notre ambassadeur en Espagne, M. de Saint-Sulpice, les nouvelles les plus rassurantes. Les soupçons devaient tous tomber. Méru, fils du connétable, allait partir vers Philippe II. Anne de Montmorency, surmontant sa faiblesse, et la goutte qui le tourmentait, s’était levé pour se rendre au palais afin de favoriser les affaires de son fils. Le connétable écriD gitized by