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CATHERINE DE MÉDICIS

porte des Augustins, quatre personnages figurent les saisons, tandis qu’un jeune enfant, costumé en Mercure, débite un quatrain. Il faut dire qu’Avignon était la cité du commerce, la ville des Juifs, des banquiers, des prêteurs, des notaires, de tous ceux que Rome protégea de loin. Ainsi on arriva sur la place de la Savonnerie, où près de la maison de Guarin, neuf sièges avaient été disposépour les neuf preux. Un jeune enfant fait signe au roi adolescentde venir s’asseoir sur le siège voisin de celui de Godefroy de Bouillon : il sera le dixième preux, dont on dira : « Charles le magnanime ! » Sur la place aux Changes, une toile de fond représentait la mer. Un Neptune, habillé de satin cramoisi, à cheval sur un poissor, débite un quatrain affirmant au roi que l’Océan le laisserait régner sur l’Asie et l’Afrique. Au Puits des bœufs, sur la place du palais, s’élève une pyramide. Une belle fille, vêtue de satin cramoisi, représentant la Justice, sort d’un nuage. D’une montagne, figurant la terre, en sortait une autre, vêtue de satin blanc, la Vérité. Les deux jolies filles s’embrassent, et la Paix se présente, récitant un quatrain. Déjà Messieurs du Chapitre de Notre-Dame sortaient de la grande église des Doms. Et les paroisses et les couvents se retrouvaient en procession devant le roi, portant leurs croix. C’était là une nouveauté, les processions n’ayant guère pu être observées depuis Lyon.

Telle est la fête catholique, où les illustrissimes cardinaux de Bourbon et de Guise, les « vrais pasteurs de Dieu », ceux-là qui possèdent les « vertus cardinales », au dire de l’auteur de la relation, trouvent honneur et plaisir. Et le propagandiste se plaît à faire remarquer, qu’avant d’entrer au château, botté, portant les éperons d’un vaillant chevalier, le petit Charles IX entra dans l’église. Le lendemain 25, les consuls et les principaux citoyens allaient lui rendre visite au château ; ils y trouvaient la reine-mère et les princes, et recommandaient le bien de la ville à Sa Majesté. Charles IX tenait de Dieu le sceptre royal, pour le repos et le contentement des bons, pour la ruine et la confusion des méchants¹. On attendait de lui qu’il remît la Chrétienté en son état ; par là viendrait la fin des calamités et des guerres civiles. Le sieur des Essarts offrit une coupe d’or, une médaille représentant la ville I. Nous avons déjà rencontré ces qualificatifs. Les bons Bont naturellement les catholiques, les méchants les réformés.


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