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XXIII

D’ORANGE EN AVIGNON



Orange « au grand trophée », comme on disait, en désignant par là l’arc de triomphe rappelant la victoire sur les Cimbres, était à la fois ville épiscopale et principauté souveraine. La Réforme était entrée dans Orange avec un ministre qui, en 1561, avait donné un enseignement privé dans les maisons. Il arriva que le prince Philibert de Châlon, mort sans postérité, laissa la principauté à un fils de sa sœur, René de Nassau, d’une famille princière résidant aux Pays-Bas.

La majorité des gens d’Orange appartenait à la nouvelle religion. Jean Perrin, seigneur de Parpaille, juriste universitaire, qui avait dépouillé sa robe de juge pour devenir le président du conseil municipal de la ville, et surtout un soldat, l’agita beaucoup. On détruisit les images, on pilla les couvents, on proscrivit la messe ; et l’évêque, Philippe de la Chambre, dut prendre la fuite. Ces troubles devaient amener une réaction violente des capitaines catholiques de la région, qui donnèrent l’assaut d’Orange, massacrèrent les habitants, incendièrent la ville, en rasèrent les murailles. Guillaume de Crussol, gouverneur du Dauphiné, y rétablit la paix et la pratique des deux religions, lui-même appartenant à la Réforme. Le prince d’Orange, on ne le voyait jamais ; il ne répondait même pas aux questions qui lui étaient posées sur la religion, dans son secret et sa prudence. Son gouverneur, du moins, dépensait son argent pour soutenir dans la ville les malheureux réfugiés. Le prince était-il encore catholique ? La reine-mère était persuadée, elle, qu’il était huguenot.

Ainsi Orange demeurait une pauvre ville, à demi-ruinée, vivant dans l’angoisse. Les chanoines et les religieux catholiques