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XXII

EN DAUPHINÉ, L’ENTRÉE EN PROVENCE



Charles IX allait-il interrompre son voyage ? Le développement de la peste semblait l’indiquer. On apprenait que la mortalité, à Lyon, devenait effroyable, que la grande cité était comme dépeuplée. D’autre part, les gens suivant la cour paraissaient en avoir assez de ce voyage ; ils eussent préféré naturellement rentrer à Paris. C’est bien ce que conseillaient à la reine-mère quelques personnes lui montrant que dans la capitale elle aurait aussi à faire œuvre de pacification.

La situation à Paris semblait recommander, en effet, une surveillance particulière. La condamnation des propositions de Dumoulin[1] contre les décisions du Concile avait agité les esprits des parlementaires, François de Montmorency, le fils du connétable, gouverneur de Paris, demeurait toujours fort suspect aux yeux des catholiques. Des incidents s’étaient produits lors d’une procession dans la capitale : le gouverneur avait fait rentrer de la cavalerie dans Paris, armait la Bastille de canons ; et déjà il avait fait ouvrir, dans la vieille forteresse, une fausse poterne, afin de pouvoir sortir en cas de besoin. Ainsi Paris vivra pendant des années, sous la menace prochaine d’un soulèvement des catholiques, qui se croyaient à leur tour menacés par les huguenots. Et l’on prêtait à l’amiral des propos inquiétants, car cette fois, il saurait bien se rendre le maître de la ville.

La reine-mère n’était pas femme à revenir en arrière. Malgré une indisposition de Charles IX, qui avait pris un refroidissement

  1. Charles Dumoulin, avocat au Parlement de Paris, auteur d’un Conseil célèbre sur le concile de Trente qui le fit incarcérer.