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CATHERINE DE MÉDICIS

Don Francès dit, ironiquement :

— Vous pourriez y arriver sans un tel effort.

— Comment ?

L’ambassadeur fit une pause et reprit :

— Vous qui tenez les postes de ce royaume, vous pourriez avec la reine faire ce que je n’ai jamais pu obtenir. Vous pourriez lui faire comprendre qu’il dépend du Roi Catholique d’arranger les choses de la religion en France. Et vous, connétable, vous devriez chasser vos neveux, qui ne sont que de mauvais hérétiques !

— De la reine, don Francès, je vous parlerai comme à l’ami sincère que vous êtes, comme à mon frère. Que sur ma tête tombent mille malédictions ! Mais les dames peuvent faire beaucoup ; et moi je ne puis rien contre elles (don Francès comprit quelles étaient ces dames qu’il n’avait pas nommées : la reine de Navarre, les duchesses de Savoie et de Ferrare). Voilà la chose principale. Mes neveux, je les tiens pour des hérétiques et des traîtres, des hommes sans vérité. Car moi, je tiens à mourir en catholique ; et si mon fils n’était pas catholique, il n’hériterait pas un sou de moi.

L’Espagnol riposta :

— L’amiral en attendant vous enlève vos sujets.

— C’est vrai.

— Pourquoi n’a-t-on pas remédié plus tôt à cet état de choses ?

Le connétable continua :

— Les dames, les dames…

Don Francès insinua :

— Le chancelier…

— Oui, le chancelier !

Mais le lendemain, le connétable retournait vers la reine-mère :

— Madame, vous pouvez avoir confiance en moi, car je vous servirai avec plus de diligence que jamais. Pour cela nul besoin de mettre en avant ni la religion, ni autre chose, rien que votre bonne volonté. Je suis entièrement à vous et je vous suivrai sans aucune faiblesse de ma part…

Oh ! les intrigues des femmes, Savoie, Vendôme, et Ferrare, tendant à augmenter toujours l’autorité du chancelier, à mettre en défiance Catherine et son gendre, ce qui portait la reine-mère à négocier avec nos alliés traditionnels les Allemands, comme don Francès méprise ces faiblesses ! Il le voit bien : pendant ce temps, l’amiral a repris ses « pratiques » en Angleterre par le moyen de Montgomery et de Throckmorton.