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CATHERINE DE MÉDICIS

tion envers le Roi Catholique pour tous les soins qu’il a donnés à votre reine, et cette sollicitude qu’il lui a témoignée, et le rendit malade à son tour…

L’ambassadeur crut pouvoir profiter de l’attendrissement de la reine pour lui exprimer, suivant ses instructions, le contentement ressenti par Philippe II en apprenant la ferme volonté de Catherine d’établir définitivement la religion catholique dans ce royaume. Le roi d’Espagne la faisait prier maintenant de rester constante dans cette décision ; et dans ce cas, il ne manquerait jamais de lui prêter le secours nécessaire.

Catherine parut gênée, et dit seulement :

— Vous voyez bien mon intention.

— On la dit communément bonne, en effet, et j’en ai vu déjà les bons résultats ; mais je crains, quant à moi, qu’il me reste grande honte du peu de service que j’aurai pu rendre ici à mon roi. Si vous n’étiez, Madame, si chagrinée cause de la maladie de votre fille, je vous aurais parlé plus ouvertement.

Alors Catherine prit un air froid et réservé :

— Vous voulez donc me voir toujours dans les peines et difficultés, comme par le passé ?

— Non, je ne le veux pas du tout, mais je vous prie seulement de prendre garde à ce que vous faites.

Catherine ne donna pas de réponse. Elle se domina, continuant à montrer une parfaite bonne grâce. L’ambassadeur reprit :

— Et le chiffre ?

— On a fait une enquête. Cinq personnes ont été mises à la torture, et on n’a jamais pu tirer au clair l’incident.

— Si vous aviez, Madame, le désir de faire la lumière, vous pourriez bien le faire, et punir les coupables.

— Piennes est un homme brave, mais c’est un fou. On ne peut se fier à lui.

— Et Sampierro[1] ?

L’attaque était directe, car Sampierro, de la maison des d’Ornano, était ce vieux gentilhomme corse, élevé chez le cardinal Hippolyte de Médicis, ancien soldat des bandes noires d’Italie, qui avait suivi le maréchal de Termes en Corse, était resté avec lui jusqu’au jour où l’île, de la domination de la France, passa, par le traité de Cateau-Cambrésis, à l’exploitation mercantile des

  1. Don Francès écrit toujours San Pietro.