Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XXI

ELISABETH DE FRANCE… LES DAMES, LES DAMES



Le 23 août, don Francès qui résidait à douze lieues de Valence recevait un appel de la reine-mère. Il accourut aussitôt et la trouva en grande inquiétude au sujet de la santé de sa fille Elisabeth, la femme de Philippe II. Catherine venait d’ouvrir le paquet du courrier d’Espagne, autorisé par le duc d’Albe à le remettre à elle-même, si on ne trouvait pas don Francès à la cour.

Quelles étaient donc ces nouvelles ? L’aimable, la bonne Reine Catholique, Elisabeth de France, la fille de Catherine de Médicis. et l’épouse de Philippe II, qui n’avait pas vingt ans, était enceinte. Elle avait eu les accidents classiques, maux de cœur, vomissements et fièvre. Les médecins espagnols, fanatiques de la saignée, l’avaient pratiquée, et qui plus est avaient purgé Élisabeth. Le résultat de ce traitement imbécile fut que la reine d’Espagne, prise d’un flux du ventre, était tombée dans une léthargie qui ressemblait à la mort. Le peuple récitait déjà des prières pour elle, et la Reine Catholique avait reçu l’extrême-onction.

Don Francès tenta de rassurer la reine-mère au sujet des saignées faites à sa fille. Mais Catherine pleurait et se lamentait. Elle connaissait le tempérament de ses enfants, et savait que « les corps nés en France » s’accommodaient pas de tant de saignées : « Dites-moi toute la vérité, et surtout que l’on ne me cache rien de la santé de ma fille. Y a-t-il quelque chose de plus grave que dans la lettre du duc d’Albe ? »

Le connétable entra sur ces entrefaites, et la conversation reprit entre eux trois :

— Don Francès, je suis bien la femme qui aie, le plus d’obliga-