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CATHERINE DE MÉDICIS

Le vieux connétable se mettait à grogner avec son fils, dans une colère toujours juvénile. La reine-mère devait les calmer tous : « Ne répondez pas », disait-elle au chancelier. Mais faire taire Montmorency n’était pas aisé : « Trois chanceliers ont toujours fait ce que je voulais au conseil, et c’était pour le bien de la couronne. Vous qui êtes le quatrième, vous vous trompez si vous pensez pouvoir me contredire. Et je vous le dis en présence du roi et de la reine, afin que vous y preniez garde et ouvriez l’œil ! »

En ces jours, Damville qui ne manquait pas de talents, entier dans son devoir envers Dieu et son roi, se voyait déjà le chef des catholiques, qui n’en avaient pas. De là, la haine des huguenots pour Damville, celle de leurs chefs, et surtout du chancelier, « l’instrument principal du diable en France », comme ne craignait pas de l’écrire Francès de Alava. Damville demeurait sur ses gardes, persuadé qu’il serait victime d’un attentat. Hélas, il n’avait pas osé devancer ses adversaires ! Il attendait l’occasion de servir le roi d’Espagne, « prince magnanime et bon ». Mais son ambition, en ces jours, se serait bornée à prendre le poste devenu libre du maréchal de Brissac.

Parfois le connétable en avait assez. Il demandait à la reine un congé pour raison de santé. Il aspirait à retrouver sa maison de Chantilly. Catherine en fut troublée et lui dit : « Jésus, compère, vous le dites, et en ce temps difficile ? »

Longtemps ils parlèrent, en tête à tête.