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CATHERINE DE MÉDICIS

Sur la « place aux hommes », on voyait Thésée qui, par sa prouesse, ravit l’amour d’une des nymphes de Proserpine. Dans la figure de la Prudence, chacun reconnaissait la sagesse de la reine-mère. Le Minotaure, vainqueur de Dédale, semblait le roi qui devait sortir victorieux des troubles de l’intérieur. La maison du chancelier était décorée d’un chêne, l’arbre robuste de Minerve. Beaucoup d’autres demeures étaient ornées de pareils symboles et illustrées de sonnets. On retrouvait encore, dans la province, le vieux programme des organisateurs de fêtes d’antan, retardant un peu, et ce qui fut nouveau à l’entrée de Henri II à Paris. Mais Minerve semble représenter la reine-mère ; et Charles IX s’en montrait tout réjoui. Pour récompenser la bonne volonté des peintres, le talent des poètes, et l’enfant qui lui a débité sa petite harangue, Charles IX fait caracoler son cheval, suivant les règles de la voltige, comme un habile écuyer. Les gens de Valence admirent la bonne grâce et le maintien de Henri, frère du roi, et ils se souviennent qu’il porte le prénom d’Alexandre, présage de sa future grandeur. Le poète à qui nous devons la relation de l’entrée à Valence voyait d’ailleurs dans M. de La Roche-sur-Yon, gouverneur du Dauphiné et de la ville, un César romain ; dans Alphonse d’Este, duc de Ferrare, il retrouvait la maturité et la sagesse du père, les bonnes mœurs de cette vertueuse et royale princesse, Mme Renée de France ; dans le nom de Léonor d’Orléans, duc de Longueville, il lui semblait lire le nom de Roland, qui ne fut pas plus adroit que lui.

On regarde aussi passer Damville, le gouverneur du Languedoc, le Rhingrave et la troupe de M. de Tournon, comte de Roussillon, chevalier de l’Ordre, « tant débonnaire et honorable » ; Timoléon de Cossé, représentant le courage de son père, le maréchal de Brissac.

À Valence, la confiance régnait, car M. de La Roche-sur-Yon se montrait énergique. C’est pourquoi, sans doute, il reçut de la ville six tonneaux de vin, tandis que Michel de L’Hospital, le chancelier, n’en eut que deux !

Quelle surprise de se retrouver ainsi à Valence, la petite ville industrieuse et rurale, où descendaient si volontiers, pour se ravitailler, les gens du Dauphiné ! Pendant plus de deux ans[1], elle était demeurée entre les mains de François de Beaumont, le lé-

  1. En 1561 et 1562.