Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XX

VERS LA PROVENCE



Le 15 août, fête de Notre-Dame, le roi s’achemine vers la Provence. Il déjeune au beau village d’Agnin, couche à Jarcieux ; le lendemain, il traverse Châteauneuf-sur-l’Isère pour arriver le soir à Romans, qui est une bonne ville, où il fait son entrée. Là il va séjourner six jours. Quatre médecins, dont le célèbre Miron, l’accompagnaient car la peste semblait suivre la cour. On franchit, sur le pont qui la traverse, l’Isère, « fâcheuse rivière » se jetant dans le Rhône, en amont de la ville.

Voici Valence, bonne et grande ville où le roi fait son entrée. C’est déjà le Midi, mais c’est encore la peste ! Le prince de La Roche-sur-Yon, gouverneur, doit s’en préoccuper lors de la reconnaissance qu’il fait de la cité. Ses rues furent nettoyées ; on nomma un chirurgien et un capitaine de santé ; on alluma des feux de paille sur les voies et places publiques. Les maisons des malades furent barrées d’étais de bois peints en blanc.

Il est curieux de penser que beaucoup de figures allégoriques, empruntées au paganisme et à la mythologie, enveloppées de poésie, accueillirent dans la ville le cortège royal. On croit à quelque déguisement ; mais c’est celui de la vie de tous les jours aux yeux des savants disciples des collèges. On voit tout d’abord la Renommée des Valois qui souffle dans sa trompette, comme au sommet du pavillon du Louvre. Dressée sur un rocher, une sage et jolie fille présente les clefs de la ville. La Renommée parle au peuple, et fait l’éloge du prince « observateur des loys ». Sur la porte de la cité, les Gémeaux conduisent ce navire en péril qu’est le pays. On pouvait lire encore ces jolis vers, en cet âge de poésie où ils abondent :

Comme la mer s’abat quand les frères d’Hélène
Apaisent le courroux de la voulte des cieux…