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XVIII

LA PESTE FAIT SON ENTRÉE



La peste fit, elle aussi, son entrée à Lyon, peu de temps après la cour.

La peste était ce mal endémique, dévastant les cités populeuses aux jours chauds de l’été. Elle cheminait, partant des ports de la Méditerranée, remontait les fleuves, suivant à la trace les voyageurs, dans les hôtelleries alors si mal tenues. Et parfois, elle passait le Rhin, comme la horde venue d’Asie.

Mais, tel était encore l’état des esprits, que le mal, si connu cependant, parut à Lyon imputable aux hérétiques. On pensait que la contamination, répandue volontairement par eux, résultait du poison.

Don Francès de Alava a parlé de la peste, comme il eût fait d’un complot.

Il faut dire que le soupçon du poison était très accepté, même quand il s’agissait de la reine-mère.

Catherine de Médicis aimait beaucoup les fruits et la crème. Or sur la table de la reine, là où le maître d’hôtel avait placé un unique pot de crème, on en avait trouvé deux ! Le second contenait-il du poison ? Une enquête fut alors instruite dont on ne connut jamais les résultats.

On publiait par contre, avec ostentation, la recette que le Roi Catholique avait envoyée à la reine-mère contre la peste. Le mal progressa dans les derniers jours de juin dévastant la ville ; et jamais à Londres, au dire de l’ambassadeur, on n’en avait vu de pareil.

C’est en effet la peste qui devait chasser de Lyon la cour qu’elle obligea de s’établir à cinq lieues de la ville (8 juillet).

La confusion se montrait partout. Catherine de Médicis rece-