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XVII

LE CHIFFRE VOLÉ



Le 24 juin, don Francès de Alava envoya en Espagne Sarron prévenir Philippe II que le chiffre avait été volé et demander qu’il soit immédiatement changé.

C’est le fameux chiffre qui permettait de lire la correspondance secrète des papiers dits aujourd’hui de Simancas. Suivant un procédé, emprunté aux gens de Milan, la correspondance diplomatique était en effet transcrite non pas en lettres, mais en nombres convenus et secrets.

Le vol avait été heureusement découvert aussitôt, le secrétaire de l’ambassadeur ayant cherché ce chiffre pour transcrire une lettre au duc de Savoie que l’on attendait.

Combien cette affaire semblait ennuyeuse, en cet instant où la France et l’Espagne paraissaient devoir rapprocher leurs points de vue ! On murmurait que M. de Piennes[1] y était impliqué.

Les catholiques conseillaient à don Francès de n’en pas faire une démonstration contre le roi et la reine, car les huguenots ne manqueraient pas d’en profiter pour relever la tête, et Catherine de Médicis saisirait cette occasion pour cesser le bien qu’elle faisait alors à la religion.

La cour semblait consternée par le vol du chiffre ; aussi l’ambassadeur ne tenait-il pas à poursuivre la chose en justice.

Et Philippe II, de son côté, adressait de Madrid, au mois d’août, des instructions à son ambassadeur. Il se montrait toujours dis-

  1. Charles de Hallwin, seigneur de Piennes, marquis de Maignelais, qui sera plus tard lieutenant du gouvernement de Picardie (Père Anselme, t. III, p. 913).