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UN SÉJOUR À LYON

insolentes. Le connétable visitait les églises, tandis que Mme la duchesse de Ferrare, la vieille Renée de France, arrivée dans la nuit, s’entretenait avec Mme de Vendôme pour obtenir au moins des prêches dans leurs maisons.

Visiblement, dans la ville huguenote en grande partie, Catherine de Médicis voulait donner, suivant son système, l’impression de soutenir de toutes ses forces le parti catholique.

Elle se faisait du moins fort gracieuse envers l’ambassadeur d’Espagne, s’inquiétant de son logis et de celui de sa famille, cherchant à apaiser toutes querelles avec Philippe II au sujet des corsaires, à le rassurer à propos des Pays-Bas. Et comme la duchesse de Ferrare lui parlait de la religion, en présence de toute la cour la reine-mère lui avait dit :

— Madame, devant mon fils, et toutes ces personnes du sang, les principaux du royaume, je vous parle clairement. Tous les prédécesseurs de mon fils ont vécu et sont morts catholiquement : ainsi fera-t-il !

Charles se leva :

— Oui, mère, et avec l’épée à la main contre celui qui essayera de m’en empêcher !

La reine-mère se tourna vers Mme de Ferrare :

— Votre conscience, Madame, doit vous commander d’aider le roi et la couronne, par paroles et en actes…

La duchesse balbutia :

— Ma conscience, ma conscience…

Quant au maréchal de Bourdillon, il explosa tout à coup :

— Vive la reine, et la bonne résolution qu’elle a prise ! On vit alors des larmes sur le visage de la douce Renée de Ferrare, et Mme de Guise pleura dans sa joie avant d’éclater de rire. Aux messes de Lyon on se pressait en foule. Le commun peuple en laissait voir sa surprise, car on lui avait toujours affirmé le contraire. Catherine de Médicis et son fils visitaient les monastères et les églises des environs. La reine-mère suivait même les vêpres. Les prêches avaient cessé à Lyon. Mais le baron des Adrets prit la garde des temples.

Charles IX écrivait, d’une main encore enfantine, la plus charmante des lettres à Philippe II : « Monsieur mon frère, sachant comme vous ont tousjours esté agréables le bon succès et prospérité de mes affaires, j’ay advisé vous envoier le jeune Laubespine pour vous faire sçavoir mon arrivé en ceste ville de Lyon où