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CATHERINE DE MÉDICIS

debout sur les marches naturelles que formait le roc, commencent une invocation, accompagnées par un orchestre :

Chante du siècle d’or les divines douceurs,
Lyon, très généreux, chante l’heur des Gauloys…

Charles IX traverse la rue du Bourgneuf, qui avait été couverte de fine futaine blanche, pour la mettre à l’abri du soleil. Un nouveau théâtre se dressait au milieu de la rue. Il offrait la perspective d’un palais, et les allégories de Cerbère. Une jeune fille, parfaitement belle, vêtue d’un surcot de drap d’or, s’avance pour parler au roi : c’est la Justice. Au pont Saint-Jean, on admire un tableau ; au grand Palais, le Temple des Vertus. Les vertus sont ici des jeunes filles, statues vivantes dans leur niche. Là sont accrochées les armoiries de la famille royale, les devises : Ung Dieu, ung roy, une foy ; sous les besants des Médicis, qui sont les vieilles pastilles des pharmaciens qui précédèrent les banquiers, on lit la dédicace caractérisant alors la reine-mère :

Catharina M. Reginæ pacifica.

Ainsi on arriva au parvis de la cathédrale. Le roi y entra, introduit par les sacristains, avant de regagner le palais archiépiscopal, sa résidence.

Mais l’image de ces fêtes, où les gens de Lyon mettaient l’espérance de la pacification attendue, ne saurait nous abuser.

Le jour même de l’entrée, Mme de Vendôme et son fils s’étaient rendus au prêche des gens de Lyon, ce qui irrita fort la reine-mère. Les réformés de la ville réclamaient la liberté des prêches ; sans les laisser terminer, Catherine de Médicis répondit que, d’après les ordres du roi, les ministres qui les tiendraient seraient pendus. Le baron des Adrets se présenta insolemment dans la chambre de Charles IX qui demanda inquiet : « Qu’est-ce qu’il veut, celui-là ? » En cet instant entrait le fils de la Mothe-Gondrin, dont le père venait d’être assassiné par les huguenots. Le fils demandait au roi de se battre sous ses yeux avec le baron des Adrets. On dut les faire sortir. Quant à Catherine, qui voyait les choses de loin, elle pensait qu’il serait plus utile, avant de gagner Marseille, de jeter à Lyon les fondements d’une nouvelle citadelle, d’y mettre des forces suffisantes, de désarmer ceux de la ville, de n’autoriser aucune infraction à l’édit. On parlait de couper les têtes les plus