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UN SÉJOUR À LYON

canons du superbe bastillon de Saint-Jean et de la grande forteresse tonnent. Les pièces du château de Pierre-Size leur répondent. Leurs coups se répercutent dans l’air et sur l’eau.

Voici le capitaine de la ville, en pourpoint de satin blanc et manteau de velours noir ; les notables et les anciens de la cité, les ambassadeurs, les évêques, les gentilshommes, les hérauts, les officiers de Sa Majesté[1], les maréchaux de France. M. le comte de Saulx-Tavannes, lieutenant du roi pour le Lyonnais sous M. le duc de Nemours, passe.

Le grand écuyer fait danser son merveilleux cheval dont le harnachement était de fin velours violet. Le connétable porte le glaive. Charles IX, au jour de l’entrée, est vêtu de velours vert où l’on reconnaissait le signe de sa florissante et juvénile vertu ; il portait le chapeau à la royale avec plumet blanc et vert, et d’exquises bottines. Henri, duc d’Orléans, le suit, « prince parfaitement beau et promettant un espoir de toutes les illustres et bonnes parties domestiques du sang royal », dira l’annaliste que nous suivons, et qui parle sans doute au nom de sa mère. Orléans est vêtu de velours cramoisi, à rayures de broderies d’or et d’argent, diapré de pierres précieuses ; les mêmes ornements se retrouvent sur ses chausses et son chapeau. Un autre Henri, le suit, le petit roi de Navarre, vêtu de cramoisi broché d’or. Et le jeune prince semble aussi d’une grâce et d’une beauté admirables[2]. Enfin s’avancent le cardinal de Bourbon, le prince de la Roche-sur-Yon, le duc de Nemours, le duc d’Aumale. Les archers de la garde fermaient le cortège que suivait une multitude de peuple.

Au portail de Vaise s’élevaient des colonnes, avec des allégories évoquant la philosophie et les livres, introduction naturelle à une entrée dans la ville savante. Charles IX les contempla longuement. Là les échevins le saluèrent. Un peu plus loin, au roc de Bourgneuf, on avait construit un « théâtre[3] » avec la fontaine du Parnasse. Un Apollon, vêtu à l’antique de satin blanc, déclame des vers, tenant en main une lyre. Les neuf Muses, fort belles,

  1. Le mot de Majesté, appliqué surtout au roi l’Espagne, commence à désigner le roi de France. L’assimilation sera courante au temps de Henri III qui emprunta beaucoup d’usages au protocole de l’Espagne.
  2. Il a onze ans alors.
  3. Ce mot désigne simplement une estrade.