Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
CATHERINE DE MÉDICIS

Le récit de l’entrée dans Lyon, attendant la paix et la réconciliation, est instructif. Comme Antoine Barbaro l’écrivait au doge, les affaires surtout avaient grand besoin d’être arrangées à Lyon, car les marchands n’y pouvaient plus trouver la tranquillité nécessaire aux transactions. C’est pourquoi l’on vit les seigneurs des Nations (c’est-à-dire les étrangers habitant la ville), les officiers de justice, les citoyens et bourgeois de la cité se rendre avec empressement au-devant de Sa Majesté. Charles IX d’ailleurs avait déjà fait incognito le tour de Lyon, s’étant logé dans la rue Saint-Jean, tant l’empressement fut grand chez lui de parcourir cette ville active, l’asile des étrangers.

À Lyon, on verra les étrangers marcher les premiers. On saluait aussi à l’italienne, ce qui semblait être aux gens du nord et du centre une caresse. Voici les Lucquois avec leurs six petits pages maures, fort beaux, vêtus de jupes à l’antique[1], passementées d’or, avec leurs chaînes de vermeil, chausses de velours noir à la « gargasque[2] » et bottines mignonnes. Les seigneurs lucquois portent, eux, des casaques et des robes de fin velours noir. Ils s’avancent, deux par deux, avec la gravité qui convient, suivis de leurs laquais portant un pourpoint de taffetas blanc à broderies d’incarnat et de bleu. Regardons les Florentins : les plus âgés et les plus graves sont vêtus de pourpoint et chausses de couleur violette, de robes de velours noir ; les plus jeunes seulement ont des capes. Des laquais les suivent, habillés de satin blanc.

Les Milanais portent des robes courtes de velours noir. Quant aux seigneurs allemands, ils arborent manteau de fin taffetas noir et chapeau de velours ; et leurs laquais sont habillés de satin jaune.

Le grand prévôt, vêtu de velours noir, se drape dans un manteau de damas de même couleur. Sa compagnie porte des hoquetons. Le prévôt des sergents de la justice royale et sa compagnie sont aux trois couleurs : bleu, blanc et incarnat. On voit maintenant passer les officiers de justice, les gardes, les bourgeois. Les trompettes du roi sonnent à la porte de Vaise, en fanfare. Passent les enfants d’honneur, diaprés de parure gentille, avec cape de velours noir à boutons d’or, bonnets à cordons de perles. Les

  1. À l’antique s’entend toujours du drapé des tuniques longues.
  2. Pantalons à la turque.