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CATHERINE DE MÉDICIS

vaient s’y abriter sous les tentes dans la grande cour, et l’immeuble servait d’abri aux pasteurs de Genève, de magasin et d’arsenal. Là les réformés avaient tenu leurs réunions jusqu’à la proclamation de l’édit de janvier.

Au nombre des pasteurs, on comptait le baron d’Anduze et le célèbre ministre Pierre Viret. L’édit ayant interdit le culte à l’intérieur des villes, les réformés s’installèrent dans les terrains de la Guillottière. La protection militaire, après le massacre de Vassy, s’organisa. Le prince de Condé avait été la tête de cette résistance. Un coup de force, le 30 avril 1562, avait mis Lyon aux mains des réformés qui s’emparèrent des armes de l’Hôtel de Ville, occupèrent le pont, la porte du Rhône, l’église Saint-Nizier, les Cordeliers, et l’église du Confort ; le baron des Adrets, capitaine des huguenots, colonel des légions du Lyonnais, du Dauphiné, du Languedoc et de la Provence, était devenu le maître de Lyon. Le capitaine de Saulx dut qui la ville, remplie par les auxiliaires Suisses. Une partie des habitants catholiques et des marchands s’exilèrent. Vainement Tavannes et Nemours, les chefs des milices catholiques, tournèrent autour de Lyon pour essayer de la surprendre. Où la force n’avait pas réussi, la patience fut essayée. Le maréchal de Vieilleville y vint avec une mission d’accommodement (janvier 1563). La ville marchande et étrangère obtint l’exercice des deux religions. Huguenots et catholiques en assurèrent la garde.

Cette situation extraordinaire commandait de s’avancer vers Lyon avec prudence. Telle était la raison de la reconnaissance militaire de la cité par le connétable qui en reçut les clefs, du déploiement imposant de forces qui l’accompagna. Il convenait de montrer aux Lyonnais réformés et catholiques la force, et en même temps de donner aux marchands le sentiment de la paix.

C’est ce qu’avait tenté de faire le maréchal de Vieilleville qui venait de se porter au-devant de la cour, à l’Isle-Barbe.

Il faut connaître François de Scépeaux, le maréchal de Vieilleville, ancien gouverneur de Metz, que Catherine avait appelé à Lyon, avec la charge de faire respecter l’édit, d’assurer l’ordre dans la ville, de surveiller les Suisses[1]. On peut dire que Vieilleville était un spécialiste des accommodements et des pacifica-

  1. De Troyes, dès le 16 avril, la reine-mère qui se préoccupait d’avoir une salle fraîche à Lyon, écrivit à M. de Vieilleville à ce sujet.