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XV

UN SÉJOUR À LYON



Le 9 juin, on reprit le bateau pour descendre jusqu’à l’Isle-Barbe, petite abbaye située dans une île de la Saône, en amont de Lyon.

Là était le refuge que Peregrinus avait découvert parmi les buissons, au temps de la persécution chrétienne. On y avait construit anciennement un monastère, que Charlemagne passait pour avoir restauré, et enrichi de livres. La bibliothèque demeurait encore belle, le site toujours plaisant ; et le lundi de Pâques, un peuple entier de danseurs venu de Lyon remplissait l’île.

Le roi répondait, le lendemain, à l’invitation du maréchal de Vieilleville, gouverneur ; mais il quitta, après souper, son logis pour retourner en bateau coucher à l’Isle-Barbe.

Lyon, au confluent de la Saône et du Rhône, ville frontière, cité des libertés commerciales, capitale des étrangers et des banquiers italiens, sur le chemin de Genève et de la Savoie, sur la route d’Italie, paradis des imprimeurs et des soyeux, célèbre par ses foules et ses foires, abri de la pensée, de la science et du labeur, asile de la fortune et de la misère, formait un complexe où les forces de la tradition et les idées nouvelles se mesuraient avec une étrange vigueur !

Dans les dernières années du règne de François Ier, quelques ministres de Genève avaient apporté à Lyon la religion nouvelle. Claude Monnier, le maître d’école, y avait été brûlé en 1551 ; et l’année suivante, cinq étudiants retournant de Lausanne subirent le supplice du feu. Les réformés avaient à Lyon un grand temple, place des Cordeliers, à l’angle de la rue Grenette, dans une vaste maison qu’ils avaient acquise : deux ou trois mille personnes pou-