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CATHERINE DE MÉDICIS

L’ambassadeur se rendit à l’audience de la reine, qui lui fit toutes sortes de démonstrations d’amitié : « Don Francès, il y a déjà vingt-quatre jours que je ne vous ai vu ! » Et le roi riait, lui montrant aussi de grandes marques d’affection.

— Don Francès, avez-vous des nouvelles du roi d’Espagne ?

— Non, Madame. Ses lettres ont beaucoup de retard ; mais je lui ai écrit plusieurs fois.

— Que lui avez-vous écrit ?

— Je lui ai fait part de l’avis qui m’a été donné dernièrement que vous alliez publier les décisions du Concile.

La reine-mère sembla gênée.

— Je l’avais ait seulement pour que l’on commençât à donner des instructions dans les évêchés ; mais bientôt vous verrez l’effet de tout cela. À Lyon, vous le verrez ; et alors vous aurez honte de ce que vous avez dit de moi au roi, et à tout le monde ! Dans peu de jours, vous verrez dans ce royaume une seule religion comme en Espagne, et plusieurs petites choses qui feront plaisir au pape et au roi votre maître.

Catherine se tournant vers Charles IX lui dit :

— Qu’en pensez-vous, mon fils ?

— Mère, j’espère que Dieu nous aidera pour relever mon état de telle sorte que nous puissions servir Dieu comme fait le roi d’Espagne, mon frère !

La reine reprit :

— Pourquoi le roi d’Espagne rassemble-t-il une si grande armée ?

— Je crois que c’est pour Naples ; mais maintenant il me semble que ce soit pour la Berbérie (Afrique).

Cette réponse, comme la question, était une feinte. Car si une chose donnait plaisir aux Français, c’était de savoir que le roi d’Espagne s’occupait de l’Afrique où la guerre, peu à peu, affaiblirait ses forces. Dans ce cas Philippe II ne pourrait plus aller en Flandre ; et c’était là, suivant l’ambassadeur espagnol, toute leur crainte, et que le Roi Catholique eût des intelligences à Narbonne et à Marseille.

Cependant il apparaissait à don Francès que la reine avait en ce moment le plus grand désir que son ambassadeur assurât Philippe II de sa bonne décision au sujet de la religion. Il savait que la reine avait dit à Mme de Vendôme que bientôt les affaires religieuses seraient en bon état dans son royaume, qu’il ne fallait