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À TRAVERS LA BOURGOGNE

Municipalité fut avertie de la venue du roi et de la cour, elle avait dressé un rôle de vingt-six paroisses du Mâconnais pour déléguer deux habitants, « des plus apparents de chacune d’elles, pour entendre et voir ce qui sera requis de faire ». Seuls les catholiques délibérèrent sur la cérémonie projetée. Et la pauvre cité contracta un emprunt qu’elle n’avait pu encore rembourser dix-huit ans après.

À Mâcon, il fait bon regarder les jeunes filles, dans leurs vêtements bleu de ciel, qui représentent les Nymphes de la Saône et les collines mâconnaises. Elles offrirent un cœur d’or, faisant entendre ces vers harmonieux :

Ô filles de la Saône, ô belles Oxarides,
Voyez venir vostre roy et seigneur ;
Déjà Thetis et ja les Nereides
L’ont salué de la mer gouverneur,
Ja luy ont faict tous les fleuves honneur,
Ja le voyez, Nymphes, il arrive !
Reconnaissez la gloire et le bonheur
Que sa venue apporte à nostre rive,
Nymphes des monts, gentilles oréades,
Ce bien nouveau que nous faites, Seigneur,
Guérit le mal qu’à nos esprits malades
Les griefs malheurs du temps ont fait voir.
Mais las, comment feras-tu ton devoir,
Mascon ? L’estat de fortune moleste :
Du moins fais tant que le roy puisse voir
Qu’encore pour lui tu as le cœur du reste.
Sire, voyez donc une pauvre cité,
Vostre maison que vous voyez toute nue…

Et Charles IX profita des beaux jours d’été pour aller souper au Pont-de-Veyle, la plaisante petite ville de Bresse, dans ses herbages drus et les méandres de ses filets d’eau, et qui appartenait au comte de Besne.

Le jour de l’entrée à Mâcon, Francès de Alava avait demandé une audience à la reine-mère, qui la lui accorda pour le lendemain.

Le connétable, qui l’avait invité à déjeuner chez lui, vint lui-même l’accueillir aimablement jusqu’à sa porte, vêtu de chausses et d’un pourpoint. Et après le repas, Anne de Montmorency lui dit à l’oreille : « Vous verrez comment Dieu sera servi par la bonne reine et par moi, en ce qui concerne la religion. Le bon Roi Catholique, votre maître, en aura certes beaucoup de joie ! »