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gneron Sage est aujourd’hui en Afrique ; il défendrait chaudement son ami le peintre. Max Büchon, le poète, n’est pas là non plus ; mais il soutiendra Courhet dans le journal de Salins. Pourquoi Jean-Antoine Oudot, le grand-père du peintre, est-il mort ? C’était un homme de prudent conseil et que tout Ornans consultait ; il aurait fait entendre raison à chacun.

Il ne reste dans la ville qu’Alphonse Bon, qui rencontre la Célestine Garmont, la boiteuse, la femme d’Alexandre le bossu. — On ne parle au marché, dit-elle, que de la peinture du fils au vigneron Courbet… Il ne nous a pas flattés, à ce qu’il parait ; on dit qu’il nous a faits en caricatures ; mais quand il reviendra, patience ! Le fils à la mère Beurey lui en prépare de l’ouvrage.... On ne se moque pas comme ça des gens. C’est un grand diable… »

En effet, ce qui indigne la ville d’Ornans, c’est que l’an passé elle aliait au-devant du peintre, musique en tête. Promayer, qui dirige la musique de la garde nationale, avait arrangé cette surprise pour le Parisien ; et comment le peintre a-t-il récompensé ses compatriotes de ce triomphant accueil ? En amusant tout Paris aux dépens des bedeaux d’Ornans, du vigneron Jean-Baptiste Muselier et de Pierre -Clément, le cordonnier.

Le curé de la paroisse, M. Bonnet, n’aime pas qu’on se moque ainsi de ses bedeaux, car ils appartiennent un ; peu ù l’Eglise, et il ne faut jamais donner à rire de ce qui touche au clergé. Pourquoi les journaux n’ont-ils pas fait mention de Cauchi le sacristain, ni du vigneron Colart, le porte-croix ? Parce qu’ils n’ont rien de ridicule, tandis que le nez rouge de Pierre Clément indique de trop longues conversations avec la bouteille. M. le curé