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LE SALUT PUBLIC.
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2e NUMÉRO


VIVE LA RÉPUBLIQUE !


Les rédacteurs-propriétaires du Salut public, CHAMPFLEURY, BAUDELAIRE, et TOUBIN ont retardé à dessein l’envoi du journal à leurs abonnés, afin de faire graver une vignette qui servira à distinguer leur feuille d’une autre qui s’est emparée du même titre.



LES CHÂTIMENTS DE DIEU.

L’ex-roi se promène.

Il va de peuple en peuple, de ville en ville.

Il passe la mer ; — au-delà de la mer, le peuple bouillonne, la République fermente sourdement.

Plus loin, plus loin, au delà de l’Océan, la République !

Il rabat sur l’Espagne, — la République circule dans l’air, et enivre les poumons, comme un parfum.

Où reposer cette tête maudite ?

À Rome ?… Le Saint-Père ne bénit plus les tyrans.

Tout au plus pourrait-il lui donner l’absolution. Mais l’ex-roi s’en moque. Il ne croit ni à Dieu, ni à Diable.

Un verre de Johannisberg pour rafraîchir le gosier altéré du Juif errant de la Royauté !… Metternich n’a pas le temps. Il a bien assez d’affaires sur les bras ; il faut intercepter toutes les lettres, tous les journaux, toutes les dépêches. Et d’ailleurs, entre despotes, il y a peu de fraternité. Qu’est ce qu’un despote sans couronne ?

L’ex-roi va toujours de peuple en peuple, de ville en ville.

Toujours et toujours, vive la République !