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LE SALUT PUBLIC.
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1er NUMÉRO


VIVE LA RÉPUBLIQUE !
AU PEUPLE.


On disait au Peuple : défie-toi.

Aujourd’hui il faut dire au Peuple : aie confiance dans le gouvernement.

Peuple ! Tu es là, toujours présent, et ton gouvernement ne peut pas commettre de faute. Surveille-le, mais enveloppe-le de ton amour. Ton gouvernement est ton fils.

On dit au Peuple : gare les conspirateurs, les modérés, les rétrogrades ! Sans doute il faut veiller, les temps sont chargés de nuages, quoique laurore ait été resplendissante. Mais que le Peuple sache bien ceci, que le meilleur remède aux conspirations de tout genre est la foi absolue dans la République, et que toute intention hostile est inévitablement étouffée dans une atmosphere d’amour universel.

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AUX CHEFS DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE.

Honneur à vous qui avez pris l’initiative et l’embarras des premiers jours.

Le peuple a confiance en vous. Ayez confiance en lui !

La confiance réciproque sauvera tout. Honte à qui n’est pas bon républicain ! il n’est pas de ce siècle ! Honte à qui se défie. Il est donc faible !

Soyez grands, soyez forts dans le gouvernement, et ne doutez jamais de l’intelligence du peuple qui vous suit.

Il aime ceux qui l’aiment. Ne craignez donc rien.

Ne faites jamais un pas en arrière. Marchez plutôt comme le vent. Nous savons maintenant que les heures sont des années.

Honneur donc à vous qui avez pris sur vos épaules le rude poids des premières journées ! Vous tenez l’Europe entre vos mains. Nous savons que vous serez dignes de votre tâche. Car une commune expérience qui nous a été léguée par nos pères, nous enseigne que hors de l’assemblée nationale, il n’y a point de salut !

Et enfin, ce grand remède une fois appliqué par vos soins sur nos longues souffrances, déposant votre haute magistrature, vous emporterez le souvenir d’une grande action et la pieuse reconnaissance de tous, qui est l’unique décoration et l’unique récompense digne des grands citoyens.

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LES ÉTOILES FILENT, ET LES RÉPUTATIONS AUSSI.

Deux hommes sont bien bas à cette heure, les sieurs Thiers et Odilon Barrot.

Le premier a toujours été un singe plein de malice, riant, criant, gesticulant, sautant, ne croyant à rien, écrivant sur tout.

Ne croyant pas à la Révolution, il a écrit la Révolution.

Ne croyant pas à l’Empire, il a écrit l’Empire.

Savez-vous ce qu’il aimait ?

Les singes. Il leur a fait bâtir un palais.

Le second était son compère, un homme sérieux, une contrefaçon de tribun ; il avait toute la gravité d’un montreur d’ours, le sieur Barrot ; toute sa vie il l’a passée à montrer un singe. Pendant