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vive la Liberté ! des hymnes ! des cris ! des pleurs de joie !

Il court de toutes ses forces pour arriver à temps quelque part avant la République, pour y reposer sa tête, c’est là son rêve. Car la terre entière n’est plus pour lui qu’un cauchemar qui l’enveloppe. Mais à peine touche-t-il aux barrières, que les cloches se mettent gaiement en branle, et sonnent la République à ses oreilles éperdues.

La tête de Louis-Philippe attire la République comme les paratonnerres servent à décharger le Ciel.

Il marchera longtemps encore, c’est là son châtiment. Il faut qu’il visite le monde, le monde républicain, qui n’a pas le temps de penser à lui.

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AUX PRÊTRES !

Au dernier siècle, la loyauté et l’Église dormaient fraternellement dans la même fange, quand la révolution fondit sur elles et les mit en lambeaux.

— Inconvénient des mauvaises compagnies, se dit l’Église ; on ne m’y reprendra plus.

L’Église a eu raison. Les rois, quoi qu’ils fassent, sont toujours rois, et le meilleur ne vaut pas mieux que ses ministres.

Prêtres, n’hésitez pas : jetez-vous hardiment dans les bras du peuple. Vous vous régénérerez à son contact ; il vous respecte ; il vous aimera. Jésus-Christ, votre maître, est aussi le nôtre ; il était avec nous aux barricades, et c’est par lui, par lui seul que nous avons vaincu. Jésus-Christ est le fondateur de toutes les républiques modernes ; quiconque en doute n’a pas lu l’Évangile, Prêtres, ralliez vous hardiment à nous ; Affre et Lacordaire vous en ont donné l’exemple. Nous avons le même Dieu : pourquoi deux autels ?

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CE PAUVRE METTERNICH !

La France est République.

La Suisse est République, vraie République depuis quatre mois.

L’Angleterre, l’Espagne et la Belgique sont à la veille d’être Républiques.

L’Autriche, monstre à trois têtes, disparaîtra de la carte. La République Allemande prendra sa tête allemande ; la République Italienne prendra sa tête Italienne, la République Polonaise — une bonne celle-là ! — prendra sa tête slave, Qui de trois ôte trois, reste ce pauvre M. Metternich, qui ne mourra pas dans son lit.

Il y a donc une justice divine !

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DES MŒURS OU TOUT EST PERDU !

Des mœurs, des mœurs, il nous faut des mœurs ! Régénérer les institutions, très-bien, mais régénérons aussi les mœurs, sans lesquelles il n’y a pas d’institutions. Le nom de Républicain est beau et glorieux, mais plus il est glorieux, plus il est difficile à porter. Effaçons donc de nos cœurs tous les instincts avilissants, toutes les passions abjectes que l’impur gouvernement de Louis-Philippe a cherché à y faire germer. La vertu est le principe vivifiant, la conservatrice des républiques.

La Convention avait mis la vertu à l’ordre du jour.

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L’AMI DU PEUPLE DE 1848.

Le citoyen Raspail, médecin comme Marat, et comme lui médecin malheureux et plein de disputes, fait comme lui l’Ami du Peuple. Les deux premiers numéros sentent le Marat d’une lieue. Même défiance, même talent, même ferveur ! — Mais est-il bien temps ? Ces défiances accusées déjà si nettement ont leur danger. Toutes les nominations seront révisées, et il ne faut pas semer la peur.

Le citoyen Raspail, comme son illustre chef de file, est un parfait honnête homme, et il a le droit d’être très-sèvère ; nous adjurons seule-