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XLV

En voyant Bacon, dans le commencement du seizième siècle, indiquer à l’esprit humain la marche qu’il doit suivre pour reconstruire l’édifice des sciences, on cesse presque d’admirer les grands hommes qui lui ont succédé, tels que B[o]yle, Locke, etc. Il leur distribue d’avance le terrain qu’ils ont à défricher ou à conquérir. C’est César, maître du monde après la victoire de Pharsale, donnant des royaumes et des provinces à ses partisans ou à ses favoris.

XLVI

Notre raison nous rend quelquefois aussi malheureux que nos passions ; et on peut dire de l’homme, quand il est dans ce cas, que c’est un malade empoisonné par son médecin.

XLVII

Le moment où l’on perd les illusions, les passions de la jeunesse, laisse souvent des regrets ; mais quelquefois on hait le prestige qui nous a trompés. C’est Armide qui brûle et détruit le palais où elle fut enchantée.

XLVIII

Les médecins et le commun des hommes ne