Page:Chamfort - Maximes et pensées éd. Bever.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ralité que l’auteur, à moins qu’il ne soit lui-même médiocre, ce qui arrive quelquefois, n’a pas prétendu lui donner. L’homme supérieur saisit tout d’un coup les ressemblances, les différences qui font que la maxime est plus ou moins applicable à tel ou tel cas, ou ne l’est pas du tout. Il en est de cela comme de l’histoire naturelle, où le désir de simplifier a imaginé les classes et les divisions. Il a fallu avoir de l’esprit pour les faire ; car il a fallu rapprocher et observer des rapports. Mais le grand naturaliste, l’homme de génie voit que la nature prodigue des êtres individuellement différens, et voit l’insuffisance des divisions et des classes qui sont d’un si grand usage aux esprits médiocres ou paresseux ; on peut les associer : c’est souvent la même chose, c’est souvent la cause et l’effet.

II

La plupart des faiseurs de recueils de vers ou de bons mots ressemblent à ceux qui mangent des cerises ou des huîtres, choisissant d’abord les meilleures et finissant par tout manger.

III

Ce serait une chose curieuse qu’un livre qui indiquerait toutes les idées corruptrices de l’esprit