le peu qu’il donne à son fils lui est plus onéreux que le plus brillant état qu’il eût donné chez lui autrefois.
— Hatimthai, ajoute Ricca, je suis plus philosophe que Saphar ; il vit dans les bois ; il n’a de relations qu’avec lui-même ; il n’entre pas dans les ambitions, et il évite, j’en conviens, tous les vices de la société ; mais il n’est utile à personne. La malheureuse Zilia tirait avec peine quelques grains de blé de son jardin ; je lui ai enseigné une nouvelle manière de cultiver les roses ; et elle en récolte maintenant une si grande abondance, qu’elle s’est enrichie avec l’essence qu’elle vend, et m’en donne, sans se faire tort, pour verser à flots sur les habits d’Hatimthai. Le malheureux Calva, qui publie chaque jour les ordres et rend compte des plaisirs d’Hatimthai, était tombé dans la misère, parce qu’il avait imprimé les œuvres des écrivains médiocres que le public dédaigne ; je consacre quelques heures par jour à lire les manuscrits qu’on lui porte ; et il nourrit à présent sa famille avec le produit des bons ouvrages que je lui conseille de publier. Je ne pourrais pas rendre de tels services si j’étais forcé de m’occuper de moi-même. Mais Hatimthai, que j’amuse, doit en échange me nourrir grassement ;