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celui qu’il a obligé, en leur supposant d’ailleurs une égale élévation dans le caractère. Or, j’ai peine à croire que l’homme puisse supporter l’idée de la supériorité d’une âme sur la sienne. J’en juge par la peine avec laquelle les âmes les plus fortes voient une supériorité fondée sur des choses moins essentielles. Il suit, au moins, de tout ceci que, dès que je reçois un bienfait, je m’engage, pour mon bienfaiteur, qu’il sera toujours vertueux, qu’il n’aura jamais tort avec moi, qu’il ne cessera point de m’aimer, ni moi de lui être attaché. Si les deux premières de ces conditions n’ont pas lieu, c’est au bienfaiteur à rougir, mais celui qui a reçu le bienfait doit pleurer.