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Il avait vu les abus et les vices attachés à l’ancien régime ; il leur avait juré la guerre : et il croyait nécessaire de la faire à outrance, sans précaution, comme sans mesure ; voilà son erreur. — Mais n’y a-t-il pas eu du mauvais cœur dans sa conduite, et au moins de cette méchanceté qui se plaît à nuire pour peu que la justice y autorise ; de cette méchanceté qui n’est pas celle du scélérat, mais celle de l’homme dur et violent ? — Nullement, et ce qui le prouve, c’est qu’il a cessé ses emportemens dès qu’il a vu qu’on prenait à la lettre les discours des Marat et des Robespierre ; il voulait faire peur et non faire du mal, puisqu’il s’est arrêté dès qu’il a vu qu’on faisait mal pour faire mal et encore pour faire peur. — Mais n’a-t-il pas voulu satisfaire des vues personnelles ? N’est-ce pas son intérêt qui lui a conseillé de flatter les partis dominants ? — Son intérêt n’a été pour rien dans sa conduite. Toujours Chamfort s’y montra supérieur ; disons plus : il en fut toujours l’ennemi. Non seulement il s’attacha à la révolution, mais même il poursuivit avec passion jusque sur lui-même tous les abus, ou ce qu’il croyait être les abus de l’ancien régime. Il se déchaîna contre les pensions jusqu’à ce qu’il n’eut plus de pensions ; contre l’Académie, dont les jetons