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CCLXXIII

Un homme qui s’obstine à ne laisser ployer ni sa raison, ni sa probité, ou du moins sa délicatesse, sous le poids d’aucune des conventions absurdes ou malhonnêtes de la Société, qui ne fléchit jamais dans les occasions où il a intérêt de fléchir, finit infailliblement par rester sans appui, n’ayant d’autre ami qu’un être abstrait qu’on appelle la vertu, qui vous laisse mourir de faim.

CCLXXIV

Il ne faut pas ne savoir vivre qu’avec ceux qui peuvent nous apprécier : ce serait le besoin d’un amour-propre trop délicat et trop difficile à contenter ; mais il faut ne placer le fond de sa vie habituelle qu’avec ceux qui peuvent sentir ce que nous valons. Le Philosophe même ne blâme point ce genre d’amour-propre.

CCLXXV

On dit quelquefois d’un homme qui vit seul : il n’aime pas la Société. C’est souvent comme si on disait d’un homme qu’il n’aime pas la promenade, sous le prétexte qu’il ne se promène pas volontiers le soir dans la forêt de Bondy.