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qu’il ne restait plus que deux petits bouges. Il demanda à souper. On lui dit qu’il n’y avait plus que des œufs & des légumes, parce que l’Évêque & sa suite avaient demandé toute la volaille. L’Empereur fit demander à l’Évêque si un étranger pouvait souper avec lui. L’Évêque refusa. L’Empereur soupa avec un Aumônier de l’Évêque, qui ne mangeait point avec son maître. Il demanda à cet Aumônier ce qu’il allait faire à Rome. Monseigneur, dit celui-ci, va solliciter un bénéfice de 50,000 livres de rente, avant que l’Empereur soit informé qu’il est vacant. On change de conversation. L’Empereur écrit une lettre au Cardinal dataire[1], & une autre à son Ambassadeur. Il fait promettre à l’Aumônier de remettre ces deux lettres à leur adresse, en arrivant à Rome. Celui-ci tient sa promesse. Le Cardinal dataire fait expédier les provisions à l’Aumônier surpris. Il va conter son histoire à son Évêque qui veut partir. L’autre ayant à faire à Rome, voulut rester, & apprit à son Évêque que cette aventure était l’effet d’une lettre écrite au Cardinal dataire & à l’Ambassadeur de l’Empire, par l’Empereur, lequel était cet étranger avec lequel Monseigneur n’avait pas voulu souper à Trieste.

Le Comte de… & le Marquis de… me demandant quelle différence je faisais entre eux, en fait

  1. La Daterie apostolique, présidée par un cardinal pro-dataire, était un office de la Curie romaine, qui accordait au nom du pape les faveurs sollicitées, à la suite d’une enquête concluant à l’opportunité des demandes. (Note wiki)