Les Ministres ne sont que des gens d’affaires, & ils ne sont si importans que parce que la terre du Gentilhomme leur Maître est très-considérable.
Un Ministre, en faisant faire à ses Maîtres des fautes & des sottises nuisibles au Public ne fait souvent que s’affermir dans sa place : on dirait qu’il se lie davantage avec eux par les liens de cette espèce de complicité.
Pourquoi arrive-t-il qu’en France un Ministre reste placé, après cent mauvaises opérations, & pourquoi est-il chassé pour la seule bonne qu’il ait faite ?
Croirait-on que le Despotisme a des partisans, sous le rapport de la nécessité d’encouragement pour les Beaux-Arts ? On ne saurait croire combien l’éclat du siècle de Louis XIV, a multiplié le nombre de ceux qui pensent ainsi. Selon eux, le dernier terme de toute société humaine, est d’avoir de belles Tragédies, de belles Comédies, &c. Ce sont des gens qui pardonnent à tout le mal qu’ont fait les Prêtres, en considérant que sans les Prêtres, nous n’aurions pas la Comédie du Tartuffe.
En France, le mérite & la réputation ne donnent pas plus de droits aux places que le chapeau de Rosière ne donne à une villageoise le droit d’être présentée à la Cour.