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Notice

travaux & de la préférence qu’il leur avait donnée sur des propositions séduisantes. Ils lui procurèrent encore un autre avantage ; il composa, pour ainsi dire sous les yeux de Molière, la jolie comédie du Marchand de Smyrne, qui semble en effet animée de son esprit : elle parut six ans après la Jeune Indienne[1], & ne réussit pas moins dans un autre genre. Le sel comique dont cette pièce est remplie, contrastait avec le style touchant de la première, & prouvait dans son auteur autant de souplesse de talent, que de cet esprit d’observation qui est le vrai cachet du génie comique.

Ce que lui valut cette pièce, le soutint pendant quelque tems ; mais il restait toujours sans fortune, sans autre moyen d’exister que son travail, auquel la faiblesse habituelle de sa santé ne lui permettait pas de se livrer avec autant de suite que l’eût exigé sa position. Il comptait entre ses amis un jeune homme dont le nom, connu depuis dans la littérature, est resté cher à tous les gens de bien : c’était Chabanon. Né dans l’aisance, il avait, on ne sait pourquoi, une pension de 1200 liv. sur le Mercure. À force d’instances, nous dirions presque d’importunités, il vint à bout de la faire agréer à Chamfort. Ceux qui ont su apprécier le caractère de ces deux hommes sentent que l’un


    qui parut une merveille & fut couronné d’emblée. Le manuscrit de ce discours existait encore il y a peu d’années dans les cartons de Chamfort ; mais à sa mort, il n’y était plus.

  1. En 1770.