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d'un principe trop généralisé , on peut toujours profiter de celles qui sont solides et vraies. Peut- être dira-t-on qu'il est difiicile de les démêler, lors- qu'elles se trouvent ensemble. Je ne le crois pas : la vérité a son caractère propre ; et ce caractère , c'est la clarté , la simplicité. Les rayons qui s'en échappent frappent d'une lumière éclatante qui dissipe aussitôt le brouillard et l'obscurité ; le faux au contraire est ingénieux, et s'il en sort quelques étincelles, elles éblouissent; maisFesprit, en se considtant bien , s'aperçoit toujours que le nuage n'est pas dissipé. Enfin , le faux peut quel- quefois persuader ; mais le vrai seul peut con- vaincre.

Résumons maintenant notre opinion sur Es- ther. Cette tragédie , sous le double rapport d'un ouvrage fait par ordre, et entrepris après un si- lence de douze ans, est un de ces phénomènes dont les archives de la littérature ne rapportent aucun exemple. Le défaut capital du rôle d'Esther l'em- pêchera toujours d'être accueillie sur la scène. Mais d'ailleurs toutes les parties de la tragédie y sont parfaitement observées. Rien n'est plus grand que le sujet , puisqu'il s'agit du sort de toute une nation. Les développemens de l'action y sont d'autant plus admirables , que presque toutes les scènes sont des chefs-d'œuvre (*) , et la péripétie

��( * ) Qu'on lise surtout la i"^^ et la 3^ scènes du i^"^ acte , la 7° du 2" et la 4^ dn 3^ ; et l'on verra s'il existe , en aucune langue , rien de plus parfait.

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